Fiche d’élevage des blood pythons : Python brongersmai (Stull, 1938) et P. breitensteini (Steindachner, 1881)

Règne: Animalia
Embranchement: Chordata
Classe: Reptilia
Sous-classe: Lepidosauria
Ordre: Squamata
Sous-ordre: Serpentes
Infra-ordre: Alethinophidia
Famille: Pythonidae
Genre: Python
Espèce: Python brongersmai (Stull, 1938)
Règne: Animalia
Embranchement: Chordata
Classe: Reptilia
Sous-classe: Lepidosauria
Ordre: Squamata
Sous-ordre: Serpentes
Infra-ordre: Alethinophidia
Famille: Pythonidae
Genre: Python
Espèce: Python breistensteini (Steindachner, 1881)
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©Julian Rossi

Il y a plusieurs années de cela, ma compagne et moi sommes tombés sous le charme de ces deux espèces, Python brongersmai et Python breitensteini.

Il semble que ces trois espèces (Python brongersmai/ breitensteini et curtus) tendent à devenir de plus en plus populaire. Et pour cause! Voici un Python d’une taille intermédiaire entre le Boa constrictor et le Python regius, avec du caractère, un polymorphisme donnant des spécimens de toute beauté, même sous sa forme classique, et l’apparition de superbes mutations au sein du marché terrariophile.

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Je fais ce post afin de partager quelques observations que nous avons pu faire, ma compagne Sonia et moi, afin de donner une idée de ce qu’est réellement la maintenance au quotidien de ce type d’espèces… Afin que toute personne voulant maintenir ce serpent sache où il met les pieds.
C’est dans l’intérêt du serpent, mais aussi du futur propriétaire.

Bien entendu, ce post n’est que le témoignage de notre façon d’aborder et de maintenir ce python. La terrariophilie n’est pas un art figé, et il n’y a pas une seule bonne façon de procéder. A chacun sa façon de faire, pourvu que les animaux se portent à merveille…

Pour commencer, le charme à opéré grâce à Nicolas Hussard qui nous a transmis sa passion pour ces pythons. Il est à l’origine de pratiquement tout ce que nous savons aujourd’hui sur ces deux espèces, et par son intermédiaire, c’est également l’expérience des Barker (David et Tracy) qui nous est parvenu afin de maintenir ce python dans les meilleurs conditions.
Quelque part, c’est grâce à ces trois personnes que nous avons eu la joie d’avoir nos reproductions de P. brongersmai et P. breitensteini...

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Le caractère
La première chose qui vient dans la conversation lorsque l’on parle de ce type de python, c’est le caractère. Et à cela, je dirai que oui, ce serpent a du caractère, mais il n’est absolument pas agressif. En réalité il est très craintif. Il suffit de voir son regard en situation de stress pour comprendre qu’en réalité il est terrorisé.
Si le Python regius se met en boule lorsqu’il a peur, le Python brongersmai , lui, adopte une autre attitude face au danger. Soit il fuit, et en cela sa morphologie et son poids peuvent être trompeurs car il peut être rapide lorsqu’il voit une ouverture… soit il fait face au danger et peut mordre.

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Si il se sent bloqué, il n’hésitera pas à uriner sur son agresseur tout en se débattant comme un diable.

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Ce trait de caractère n’est pas vrai pour tous les spécimens…
Certains sont relativement dociles et plutôt curieux.

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Nous n’avons jamais rencontré de spécimens qui ne puissent être mis en confiance une fois correctement conditionnés.
Bien entendu, certains spécimens n’apprécient que partiellement le fait d’être manipulés, et ils soufflent lorsqu’on les aborde… mais aucun de nos spécimens sub-adulte ou adulte ne nous a mordu…
Pour les jeunes c’est une autre histoire puisqu’ils doivent d’abord comprendre que la main du soigneur n’est pas un prédateur, et encore moins une proie.

J’ai souvent entendu dire que ce type de python est très agressif.
Le terme de « mine antipersonnel » est même parfois utilisé.
En réalité, ce type de légende urbaine est véhiculée par des personnes qui n’ont jamais maintenu l’espèce, ou qui se sont pris un mur avec l’espèce simplement parce-qu’ils ne savaient ni comment la maintenir correctement, ni comment l’aborder.
Il est toujours plus facile de conclure que l’animal est débile et agressif , plutôt que de se remettre en question et chercher les vraies réponses.

Morphologie
Ces espèces sont souvent qualifiées de « boudin »… Ce qui est vrai pour toutes les espèces dès qu’on en fait des obèses.
Ces trois espèces ont un système digestif extrêmement lent. Les selles sont très espacées, ce qui suggère une faible consommation calorique.
Le meilleur moyen pour se retrouver avec un spécimen obèse (parfois stérile et a l’espérance de vie limité) est donc de nourrir ce serpent au lapin toutes les semaines.
Les jeunes ont besoin de calories pour leur croissance… mais les adultes ne doivent pas être nourris avec des proies aussi larges qu’eux.
Bien entendu, l’aspect de ce serpent est trapu et puissant, mais attention de ne pas en faire un loukoum.

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Femelle Python brongersmai en préparation de reproduction (dans le bac de change pendant nettoyage du terra)

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Mâle Python breitensteini de morphologie normale

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Femelle Python brongermsai (mutation Ivory) durant sa croissance

 

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Autre particularité anatomique de cette espèce, la colonne vertébrale saillante. ce n’est pas un symptôme de fonte musculaire, c’est simplement le squelette qui est ainsi fait. Les épines dorsales sont relativement longues, ce qui permet un bras de levier beaucoup plus conséquent lors d’un mouvement de la colonne vertébrale… C’est ce qui explique la force de frappe de ce serpent a courte et moyenne distance.
Inutile de gaver votre Python brongersmai ou P. breiteinsteini (ou P. curtus) pour faire disparaitre cette colonne visible.

Et enfin dernière observation qui m’avait marqué avec notre mâle P. brongersmai… Les yeux qui font penser à des bulles chez certains spécimens.
Je n’ai pas de certitude sur le sujet, mais je pense qu’il doit y avoir un lien avec le fait que cette espèce semble avoir « des yeux dans le dos ». Je pense que cette spécificité augmente largement l’angle de vue.

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Pour ce qui est des yeux qui peuvent pivoter et donc augmenter l’angle de vu de ce python… oui c’est vrai, mais ce n’est pas le seul serpent à le faire contrairement à ce qu’on peut lire un peu partout. Bien d’autres pythons peuvent le faire. Simplement c’est plus flagrant lorsque les yeux sont clairs.

Il arrive parfois que les yeux aient une apparence de « balle de ping-pong enfoncé »… C’est en général un signe de déshydratation. Ce phénomène est visible si vous observez attentivement la photo du dessus.
Ce phénomène est sans danger pour les yeux du serpent, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il ne faille pas régler le problème et ré-hydrater ce dernier . Il ne s’agit pas d’un reste de mue (a vérifier tout de même, avec délicatesse).

Ce qui m’amène au chapitre suivant:

Conditions de maintenance
Si la déshydratation n’est pas forcément une bonne chose pour ce type de pythons, la saturation de l’hygrométrie peut vite devenir fatale en provoquant des maladies respiratoires (pneumopathies) qui semblent très difficiles à soigner chez ces espèces.
Il est donc préférable de maintenir ce python dans des conditions trop sèches que trop humides. L’idéal étant le juste milieu, bien entendu !

Nous avons opté pour le même type de maintenance que Nicolas.H, avec quelques retouches personnelles.
Il utilise du papier craft… nous utilisons des alèses avec du papier journal au dessus. Les pythons se cachent dessous… Ils se sentent en sécurité, et en même temps, ce type de cachette augmente l’hygrométrie autour du serpent par sa simple respiration.
Nous avons remarqué que les spécimens qui se cachent sous les alèses n’ont pas ce léger froissement de la surface de l’œil, et muent en une seule chaussette… Alors que les spécimens qui se cachent sous une cachette de type « bac de plastique de maçon » ont les symptômes d’une légère déshydratation. Nous avons également remarqué qu’ils compensent cela en buvant plus régulièrement.

Concernant l’eau, nous utilisons un simple bol d’eau de taille adapté (gamelle pour chien pour les adultes). L’important est de changer régulièrement l’eau. En général, dès que l’eau vient d’être changé, ils viennent boire.

Pour augmenter l’hygrométrie sans danger, on peut créer des pics d’humidité, en pulvérisant à l’eau tiède dans le terrarium. J’ai souvent observé ce type de python aspirer les gouttelettes d’eaux sur les parois ou sur le sol.
Il est important que le terrarium ne reste pas humide de manière constante… Le renouvellement d’air limité rendrait dangereux ce type de maintenance.
Par contre il est tout à fait possible de fournir aux serpent un bac de substrat humide dans le terrarium (un peu comme une cachette supplémentaire) dans lequel il pourra s’enfouir. Ce système fonctionne relativement bien et permet d’avoir les avantages d’un point d’humidité, sans les inconvénients. Encore faut-il maintenir ce substrat humide et pas détrempé, et ne surtout pas le laisser totalement sécher sans quoi il aura l’effet inverse et absorbera l’humidité de l’air.

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Pour le chauffage, un tapis qui chauffe 1/3 de la surface du terrarium.
Le thermostat est réglé à 28°C.
Au tout début nous avions réglé le chauffage à 31°C, mais rapidement nous avons réalisé que les pythons évitaient la zone chaude.
Plus encore, il se formait des urolithes de la taille d’un œuf difficiles a évacuer:

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A 28°C au point chaud nous n’avons plus eu ce type de problème. La digestion se passe sans problème. Nous n’avons jamais aucun problème de santé. Par contre, la pièce est à 25/26°C…

Pour le choix du terrarium, nous avons encore une fois pris exemple sur Nicolas.H. Les Herptek en 120/70/35 ou 120/70/50 sont tout a fait adaptés pour ces espèces. Pour les spécimens plus âgés et de grande taille nous conseillons 150/70/50.

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Le système de rack peut tout à fait convenir à ce type de Pythons, mais les dimensions ne doivent pas être revues à la baisse. Les bacs V150 de chez Vision (utilisé par LP Racks) sont parfaitement adaptés pour de jeunes adultes ou des sub-adultes.

Les juvéniles
Les petits peuvent être nerveux, ou au contraire très calmes… Pour qu’ils se sentent en sécurité, et qu’ils ne souffrent pas de déshydratation nous avons opté pour un substrat épais de sphaigne légèrement humide durant les premières semaines.
Puis nous passons au sopalin, puis au sopalin+papier journal.
Sauf durant la première mue (délicate), nous repassons à la sphaigne dès que l’animal présente les premiers signes de mue.

Remarque:
Une particularité concernant le démarrage des petits, ils s’alimentent relativement rapidement, mais la première mue est longue, très longue à venir. Il peut s’écouler jusqu’à 3 voir 4 mois avant qu’un jeune fasse sa première mue. Et cette opération est très importante. Tracy Barker parle de risque de décès sur des rétentions de mue sur du juvénile.

Pour les manipulations:
Je ne suis pas pour l’utilisation des gants de cuir, plus encore avec des juvéniles. Il est important de faire passer la sécurité des petits avant tout lors des manipulations. Il n’y a donc pas 36000 solutions, il faut y mettre les mains et les habituer au contacte avec douceur…qu’ils comprennent que la main n’est pas un prédateur, et que même si ils s’acharnent dessus, la main ne fuit pas.

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La morsure des juvéniles n’est pas douloureuse… c’est donc le bon moment pour conditionner le serpent et lui apprendre à ne pas avoir peur de la main de l’homme.

Conclusion
Vous l’aurez compris, Python brongersmai /breitensteini et P. curtus ne sont pas des espèces très compliquées à maintenir lorsqu’on a le bon « mode d’emploi ».
Un serpent maintenu trop chaud (en hyperthermie) ne se sentira pas bien et sera dans un état de nervosité constant…
Un animal terrestre à la morphologie trapue ne peut tolérer les manipulation que si il se sent stable et en sécurité. La prise en main est différente suivant les mœurs de l’espèce, et c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un python qui n’est pas équipé pour se retrouver loin du sol.
Un animal dont la programmation de défense se résume à attaquer doit être mis en confiance afin qu’il n’ait plus aucune raison de se défendre.

Il ne faut pas avoir d’appréhension avec ce type de pythons et avoir rester calme en toutes circonstances. Si vous avez ces qualités et que vous êtes tombés également sous le charme de ce python, alors vous ne serez pas déçus.

Si vous avez peur de la morsure, il est toujours possible de trouver un gros gentil…

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Comment ne pas être sous le charme !

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Sources
– Visitez la galerie Flickr de Julian Rossi
Wikipedia
– La fiche de V. Jacobet, avec son accord de partage, merci encore !

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Un commentaire pour Fiche d’élevage des blood pythons : Python brongersmai (Stull, 1938) et P. breitensteini (Steindachner, 1881)

  1. Sebastien Boutelier dit :

    Très instructif votre fiche d’élevage, je compte acquérir prochainement un python curtus black head et votre expèrience m’aide beaucoup dans sa maintenance

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