Récolte et préparation d’un substrat forestier pour blattes, iules et coléoptères (cétoines, lucanes et dynastes)

Voici un article concernant la préparation du substrat forestier « de base » pour l’élevage de certains invertébrés.

Il s’agit de généralités, nous ne rentrerons pas dans tous les détails, néanmoins voici un ordre d’idée concernant les mélanges à utiliser (qui restent bien sur des généralités, je le répète, et sont à adapter en fonction des espèces élevées)

Feuilles mortes Bois Terreau
Cétoines 80% 10% 10%
Dynastes 40-50% 40-50% 10%
Lucanes 5-10% 80-90% 5-10%
Blattes 80-90% 5-10% 10%
Iules 70-80% 10-20% 10%

Le substrat : la clé de la réussite !

Les éleveurs de coléoptères et de iules ne sont plus à convaincre : un bon substrat est la clé de voûte de la réussite d’un élevage. De plus en plus, ces substrats forestiers sont utilisés dans les terrariums de blattes et autres bestioles, et se vendent parfois sur les bourses. Mais pourquoi ces crasses ramassées au beau milieu d’une forêt coûtent elles si cher, et comment les préparer ?

Bien plus que de simples feuilles mortes !

Si certains tentent de faire eux-mêmes leur substrat en utilisant seulement une couche de feuilles mortes, cela se solde généralement par des résultats moins bons que sur un substrat plus élaboré. En effet, plusieurs étapes ne doivent pas être négligées pour préparer le substrat, et c’est tout un savoir faire que chaque éleveur développe à sa sauce, en fonction de ses élevages et de ses besoins. On n’improvise pas son substrat du jour au lendemain, ça demande un minimum de préparation… le substrat doit être nourrissant, relativement homogène et facile à trier lorsqu’on nettoie les bacs, donc le plus finement broyé possible ! Voilà pourquoi les bons substrats, c’est loin d’être donné !

Une recette ?

Bien sûr, il n’existe pas une recette universelle… Et au temps vous dire que chacun garde sa petite popote aussi secrète que possible.

La méthode expliquée ci-dessous n’a pas la prétention d’être la meilleure, mais d’après mes observations, on arrive à un résultat pas trop dégueulasse, et les bêtes ont l’air d’apprécier.

Préparation des bases qui serviront à préparer le substrat:

Étape 1 : récolte des feuilles et bois mort :

Ça parait con, mais c’est primordial : le tout n’est pas de ramasser des feuilles mortes, le tout est de ramasser les bonnes feuilles mortes !

Une fois en forêt, c’est assez simple : à l’aide d’une petite pelle ou d’une truelle, écarter la couche supérieure de feuilles mortes. Sous ces premières feuilles se trouve une couche, juste au dessus du sol, qui est déjà en décomposition. Ces feuilles tombent en morceaux lorsqu’on les prend en main, et sont déjà bien humide : c’est la couche qu’il faut récolter.

Pour le bois, l’idéal est de trouver un tronc qui se décompose… Personnellement, je récolte le bois dans un arbre abîmé dont l’intérieur tombe en morceaux. J’obtiens directement une « poudre » de bois, que je n’aurai pas à broyer et dont je peux me servir très rapidement.

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Sol forestier typique

NB: Évitez absolument les essences de bois résineux.

En effet les résineux sont toxique (en particulier car ces bois dégagent des phénols toxiques pour les animaux, c’est pour cela que l’on déconseille également de fabriquer des terrariums en pin par exemple pour les reptiles)

Un résineux c’est quoi ?

Les arbres sont couramment regroupés en deux grands ensembles : les feuillus d’un côté et les conifères ou résineux de l’autre.
En botanique, cette distinction relève de deux groupes distincts au sein des Phanérogames. Les conifères forment le groupe principal des Gymnospermes, qui comprennent aussi des groupes plus primitifs auxquels appartiennent les Cycas ou les Ginkgos. Leurs graines sont souvent situées à la base d’écailles ligneuses regroupées sous forme d’épis : les cônes. La plupart des conifères possèdent des cellules sécrétrices de résines, dans leurs écorces, leurs feuilles ou leur bois, d’où l’appellation courante de résineux.
Parmi eux : Douglas, Épicéa commun, Pin maritime, Pin sylvestre, Sapin pectiné, Thuya…

Étape 2 : le broyage

Maintenant que vous avez la « matière première » de votre substrat, il est temps de commencer à préparer les bases.

Ne disposant pas de broyeur, je dispose simplement un grillage dont les mailles font 1cm x 1cm sur une bassine, je dépose mes feuilles dessus, et les frotte sur la grille. Au vu de leur état de décomposition, elles sont facilement broyées et j’obtiens une bassine de feuilles mortes. Les éléments plus gros, comme les morceaux de bois, faines, glands, pierres et autres qui restent dur la grille sont retirés et jetés, ils n’apportent rien au substrat.

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Morceaux de bois et autres déchets sont retirés du substrat.

Pour le bois, je procède de la même façon dans une seconde bassine, afin de retirer les gros morceaux et d’éviter d’avoir des parties agglomérées.

Étape 3 : humidifier

Afin de relancer la décomposition dans les bassines et que cette décomposition se déroule de façon homogène dans le substrat, il faut réhumidifier le tout. Surtout, n’ayez pas peur d’un petit excès : une grande partie de l’eau sera absorbée par les feuilles et le bois, le reste pourra s’évaporer par la suite.

Une fois que vous avez ajouté de l’eau, mélangez bien chaque bassine afin que l’humidité soit répartie de façon homogène.

Étape 4 : aérer et éliminer les déchets.

Après quelques jours de repos dans un local protégé des intempéries, il peut s’avérer utile d’aérer le substrat. L’eau à tendance à stagner sur le fond, tandis que la surface s’assèche. C’est exactement ce qui se passe dans les terrariums lorsqu’on utilise directement le substrat, c’est pourquoi il vaut mieux s’y prendre à l’avance pour éviter ce désagrément.

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La surface est sèche, mais en grattant un peu, on remarque rapidement que le reste des feuilles est parfaitement humide !

Dans un premier temps, il s’agit de bien remélanger chaque bassine afin que l’eau soit bien répartie. Cette opération est effectuée une à deux fois par semaine, durant deux à trois semaines.

Ensuite, on repassera le substrat sur la grille. Cella permet d’éviter des agglomérations, et donc une mauvaise répartition de l humidité, ainsi que de retirer les derniers éléments encombrants et inutiles.

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La base de feuilles est remuée sur une grille, ce qui permet de l’aérer et de retirer les déchets.

A ce stade, tant le bois que les feuilles doivent avoir pris une teinte foncée et ont un aspect homogène.

Les bases sont prêtes !

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Aspect des feuilles prête à être utilisées

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Le bois, prêt à être utilisé

Préparation du substrat

Là, rien de bien compliqué… le tout est de savoir quel mélange on veut obtenir ! Je mélange un peu « au pif », j’ajoute du bois petit à petit dans ma base de feuilles… J’essaie d’obtenir un substrat riche en feuilles avant tout, je dirai environ une part de bois pour 4-5 parts de feuilles.

Encore une fois, il faut veiller à bien mélanger, laisser reposer une petite semaine, puis c’est prêt à être utilisé !

Il est possible de changer la recette selon les besoins des espèces ciblées : plus de bois pour les dynastes et lucanes, une couche de bois pur au fond du bac pour les larves L3, ce qui leur permettra de faire facilement leur coque, idem pour certains iules qui font une loge de mue.

Pour les iules, j’ajoute systématiquement de la poudre ainsi que de petits morceaux d’os de seiche afin de permettre des mues correctes, pour les coléos et les iules, j’ajoute également quelques « petits plus » pour avoir un substrat plus nourrissant… Aliments pour poissons et autres sont très appréciés pour enrichir le substrat !

Bref !

J’espère que ce petit article vous permettra de débuter dans l’élevage des espèces demandant un substrat forestier… Et je ne doute pas que vous améliorerez par vous-même la technique assez rapidement !

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Mélange prêt à être utilisé

Bon élevage !

Sources
– Article de Nicolas Rousseaux sur le blog Ztridulations
N’hésitez pas à visiter la page Facebook de Nicolas : le Cafarnarium
Il y présente son élevage de blattes, des dizaines d’espèces vous y attendent !
https://www.actu-environnement.com

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4 commentaires pour Récolte et préparation d’un substrat forestier pour blattes, iules et coléoptères (cétoines, lucanes et dynastes)

  1. Ping : Fiche d’élevage: les escargots géants sud-américains Megalobulimus oblongus (Müller, 1774) | Arthropodus

  2. Ping : Bien choisir son substrat pour terrarium (reptiles, amphibiens et invertébrés) | Arthropodus

  3. Ping : Généralités sur l’élevage des Cétoines [Cetoniidae (Leach, 1815)] | Arthropodus

  4. loophole dit :

    Merci beaucoup pour cette article !
    Utiliser un tamis pour le broyage, c’est juste du génie ! Merci pour ce tuyau 🙂

    J’aime

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