Généralités sur l’élevage des phasmes [Phasmida (Leach, 1815)]

Règne: Animalia
Embranchement: Arthropoda
Classe: Insecta
Sous-classe: Pterygota
Infra-classe: Neoptera
Super-ordre: Polyneoptera
Ordre: Phasmida (Leach, 1815)

Cette fiche n’a pas vocation d’aborder une espèce en particulier, mais donnera des informations globales sur l’élevage des phasmes, beaucoup de spécificités ne seront pas traitées dans ce qui suit.

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Phyllium sp. ©itchydogimages

Les phasmes sont un ordre d’insectes néoptères dont la forme caractéristique peut faire penser à une branche (surnommés « phasmes-bâtons »), à une feuille (surnommés « phasmes-feuilles »), à une tige épineuse ou encore à une écorce.

Les phasmes sont des insectes herbivores, se trouvant ainsi en bas de la chaîne alimentaire (on observe exceptionnellement des cas de cannibalisme en captivité en raison de la promiscuité des enceintes d’élevage).

Pour survivre, ils se fondent dans leur environnement en l’imitant à la perfection, par exemple des brindilles (avec toutes leurs particularités : taille, nœuds, cicatrices des feuilles), des feuilles mortes ou vertes, voire des lichens. On parle dans ce cas d’homotypie et d’homochromie (respectivement « même forme, même couleur »).

Répartition
La majorité des espèces présente une distribution tropicale et équatoriale (Asie, Amérique et Océanie). Ils sont plus rares en Afrique continentale.

On trouve 3 espèces sur le territoire français métropolitain, essentiellement dans la moitié sud du pays et le long du littoral atlantique :

  • Clonopsis gallica : le phasme gaulois (moitié sud du pays jusqu’en Bretagne)
  • Pyjinackeria masettii : le « Phasme espagnol » (midi méditerranéen)
  • Bacillus rossius : le phasme de Rossi (midi méditerranéen)
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Répartition des phasmes dans le monde

Anatomie du phasme

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Anatomie générale ©Phasmes et Phyllies

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Détail de la tête ©Phasmes et Phyllies

Cycle de vie du phasme
Le phasme est un insecte que l’on qualifie d’hétérométabole, c’est à dire que les larves sont identiques ou presque aux adultes.
Il n’y a pas de métamorphose complète du corps.
En général les larves mènent la même vie que les adultes et mangent la même chose, seulement elles n’ont pas d’ailes et n’ont pas la maturité sexuelle.

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Cycle du phasme (Extatosoma tiaratum) ©Phasmes et Phyllies

Reproduction
Les phasmes pondent des œufs de manière régulière à partir du moment où ils sont au stade adulte.  Les femelles pondent en moyenne 1 à 3 œufs par jour (fortement variable selon les espèces). La couleur, taille et forme des oeufs varient selon les espèces.
La reproduction peut être sexuée (comme chez Archioptera fallax), mais peut également se faire par parthénogenèse, sans fécondation, ne donnant naissance qu’à des femelles (comme chez Phyllium giganteum).
Certaines espèces peuvent se reproduire de manière sexuée comme Extatosoma tiaratum, et donner naissance à des individus mâles et femelles mais en l’absence de mâle se reproduire par parthénogenèse, et ne donner naissance qu’à des femelles, clones de la mère.
Certaines espèces laissent tomber leurs œufs au sol, d’autres les enterrent dans le substrat, les déposent au revers des feuilles ou les plantent dans un support.
En élevage, la ponte se fait en général toute l’année.

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Œufs de différentes espèces de phasmes ©F.Tetaert

Les plantes nourricières
Dans la nature les phasmes se nourrissent de plantes spécifiques, forcément pas toujours disponibles, voire impossibles à trouver sous nos latitudes.
Quand on élève des phasmes en captivité, on les nourrit avec des plantes que l’on qualifie de « substitution », qui sont très bien acceptées, à choisir suivant les espèces élevées, et donnent de bon résultats.

Les principales plantes utilisée sont :

  • La ronce commune (Rubus fruticosus), que l’on trouve facilement dans les bois.
  • Le troène (Ligustrum vulgare), souvent utilisé pour faire des haies.
  • Le millepertuis (Hypericum sp.), souvent utilisé en plante d’ornement.

D’autres plantes peuvent également être utilisées, on peut citer par exemple

  • L’eucalyptus (Eucalyptus sp.)
  • Le lierre (Hedera sp.)
  • Les fougères
  • Le pyracantha (Pyracantha sp.)
  • Le salal (ou palommier) (Gaultheria shallon)
  • Le chêne pubescent (Quercus pubescens)
  • Le chêne vert (Quercus ilex)
  • Le noisetier (Corylus sp.)
  • Le hêtre (Fagus sylvatica)
  • La grande ortie (Urtica dioica)
  • Et bien d’autres encore…

Quelle espèce pour débuter ?
En général pour débuter, ou pour les élevages de classe, on conseille des espèces relativement robustes, qui sont tolérantes aux écarts de chaleur et aux variation d’hygrométrie.
A choisir aussi en fonction des facilités que vous avez à accéder à certaines plantes nourricières, et des espèces que vous préférez.

En phasmes-bâtons on citera

  • Carausius morosus
  • Baculum sp
  • Oreophoetes peruana
  • Medauroidea extradentata

Les phasmes-feuilles

En général, les phasmes feuilles sont déconseillés aux débutants car les conditions d’élevage sont un peu plus délicates. Il y a cependant une espèce qu’il est possible d’élever sans trop de difficultés qui est Phyllium philippinicum.

Les phasmes-écorces

  • Aretaon asperrimus
  • Eurycantha calcarata
  • Extatosoma tiaratum

Avec un peu plus d’expérience ne nombreuses autres espèces seront à votre portée !

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Femelle Eurycantha calcarata (phasme cuir) ©SciBug

Maintenance générale
Techniquement la maintenance des phasmes ne demande pas beaucoup de matériel, ni de gros investissements, ce qui permet de se sensibiliser facilement, ou sensibiliser les plus jeunes, à ces insectes.

  • Il faut d’abord un contenant, soit un terrarium, soit une grande boite IKEA type « SAMLA » maintenue à la verticale, percée de trous pour l’aération. On peut aussi découper un rectangle et y coller un morceau de moustiquaire pour maximiser l’aération.
  • Un substrat à choisir en fonction de l’espèce élevée, cela peut être du papier essuie-tout, de la tourbe…
  • Un bocal avec un couvercle vissé dans lequel on perce des trous juste pour laisser passer les branches de la plante nourricière. De cette manière les plus petits phasmes n’auront pas accès à l’eau et ne risqueront pas de se noyer.
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Exemple d’installation

La maintenance peut se faire à environ 20°C (température moyenne d’une habitation) mais une température de 22-25°C sera plus bénéfique, et la croissance plus rapide, ils restent des insectes exotiques qui vivent parfois en forêt tropicale !

Selon les espèces une pulvérisation de temps en temps est nécessaire, pour faciliter les mues et pour que les phasmes puissent boire.
On vaporise toujours les plantes et jamais les insectes directement.

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Achrioptera fallax (couple) ©Igor Siwanowicz

Incubation des œufs et maintenance des jeunes
J’incube les œufs dans des boites à grillons, qui sont percées dans lesquelles je mets un fond de tourbe, de vermiculite ou une feuille d’essuie-tout pliée comme substrat.
Le substrat de être humide mais jamais détrempé, il faut vérifier de temps en temps que des moisissures ne se développent pas. Quand j’ai pas mal d’œufs je jette ceux qui moisissent trop afin d’éviter de contaminer toute la boite.
L’incubation se fait à la même température que celle de l’élevage soit 20-25°C.

D’une manière globale les bébés se maintiennent exactement de la même façon que les adultes, par contre pour les jeunes j’ai tendance à couper le bord des feuilles avec des ciseaux pour leur faciliter la tâche.
Les principaux risques avec les petits sont la déshydratation et la noyade, soyez vigilants. Il faut aussi faire attention en changeant les plantes, les petits se camouflent très bien, comme certains adultes.

Je termine sur le mimétisme entre les bébés Extatosoma tiaratum et les fourmis Leptomyrmex erythrocephalus :

 

Sources
Wikipedia
– Le site Phasmes et Phyllies
– Le site de l’OPIE
– Le site Phasmatodea
Visitez la galerie Flickr de itchydogimages
Visitez la galerie Flickr de Oscar Mendez

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2 commentaires pour Généralités sur l’élevage des phasmes [Phasmida (Leach, 1815)]

  1. Florian dit :

    L’article est vraiment bien.
    Juste une petite remarque sur les pulverisations: le mieux est d’utiliser une eau sans chlore (j’achète en général un pack d’eau bas prix qui me tien plus d’un mois). De ce fait pulvériser directement sur les insectes ne posent aucun problème. En effet dans la nature ils ne peuvent éviter la pluie, si l eau étant nocive pour eux ces insectes n’existeraient plus.
    Donc eau sans chlore = pas de problème de pulvérisation. Surtout pour les phyllium qui sont très fragiles

    Aimé par 1 personne

    • lesnours dit :

      Personnellement j’utilise la Mont Roucous qui est la plus pauvre en calcium (donc calcaire) car j’en utilise aussi pour mes lapins ^^
      Mes Diapherodes adorent quand je les pulvérise, ils arrivent vite et certains ouvrent à ce moment les mendibules ^^

      J’aime

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